Sur la dernière maladie de Monsieur le Cardinal
Le sort de Richelieu met tout le monde en peine1 .
L’un gage qu’il est mort, l’autre qu’il ne l’est pas.
L’un en parle tout haut, l’autre en parle tout bas.
L’un l’écrit en Poitou, l’autre l’écrit au Maine.
Chacun fait voir ici son amour ou sa haine.
L’un demande sa vie, et l’autre son trépas.
Et ces contraires vœux produisent des débats
Où l’on ne connaît point de vérité certaine.
De moi, quelque douleur qui le tienne oppressé
Quelque triste succès dont il est menacé
Je crois qu’il trompera les sinistres oracles.
Il a par son bonheur tout vaincu jusqu’ici.
La fortune toujours fit pour lui des miracles,
La Nature à son tour en voudra faire aussi2 .
BHVP, MS 555, f°7v