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Sans titre

                          Sonnet

Le prodige du temps, le monstre d’avarice

A corrompu nos mœurs et perverti nos soins.

Il a même infecté le palais de nos rois

Et porté sur l’autel le poison et le vice.

 

Il a mis en trafic les sacrés bénéfices,

Il a mis à l’encan jusqu’aux moindres emplois,

Du plus sale denier il a souillé ses doigts1

Et tenu l’intérêt pour règle de justice.

 

S’il a fait quelque bien, c’est par crainte du mal,

S’il a donné la paix, c’est qu’il n’a pu la vendre,

Et c’est lors seulement qu’il n’a pu s’en défendre.

 

Il a tout dépravé par cet ordre infernal,

Mais la corruption nous donne lieu de craindre

Qu’elle n’engendre un tiers qui nous ferait le plaindre2 .

  • 1Des plus sacrés deniers il a souillé ses doigts.
  • 2Voir *0504

Numéro
0368


Année
1661


Personnalité
Mazarin, Jules (1602-1661), cardinal, homme d'État


Nombre de vers
Sonnet

Métrique
Alexandrin

Finalité
Critique


Références

Arsenal 3128, f°42r - Tableau de la vie de Mazarin, p.214 (variantes) - BHVP, MS 551, p.40-41