Sans titre
Stances
Hérode, Philippe, Armand
Ont été de vrais politiques,
Ambitieux, pestes publiques,
Et tous trois ont eu l’esprit grand.
Ils ont autorisé les crimes
Comme des choses légitimes ;
Ils ont cru se rendre immortels
Par la fraude et par l’artifice ;
Ils ont couronné l’injustice
Et lui ont dressé des autels.
Ils ont précipité les jours
Des hommes illustres et rares ;
Mais malgré ces efforts barbares
Leur mémoire vivra toujours.
Nous recevrons leurs belles vies
Et nous détestons les impies
Que la mort n’a pas exemptés.
Jamais la vertu ne succombe,
Mais ceux-ci même sous la tombe,
Sont encore persécutés.
Ils ont tué les innocents,
Ont mis les familles en proie,
Ayant des monuments de joie
Pour leurs pitoyables accents,
Des bourgs et des villes entières
Ils ont formé des cimetières
Et pour mieux conserver leur rang
Sans être au hasard de la guerre
Ont mis en feu toute la terre,
Et se sont baignés dans le sang.
Mais enfin la bonté de Dieu
Regarde en pitié nos provinces
Et comme il traita ces deux princes
Il fit de même à Richelieu,
Tous trois couverts de vieux ulcères,
Ont senti des maux fort amers
Et pour mieux venger l’univers,
Il a fait que leurs corps infâmes
Devant que de quitter leurs âmes
Se sont vus rongé par des vers1 .
- 1Voir *0345
Tableau de la vie de Richelieu, p.185-86