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Sans titre

                      Sonnet

J’ai vécu sans pareil, j’ai régné sans égal,

On admirait partout ma vertu et mes vices,

Mes desseins comparés avec mes services

Font douter si j’étais souverain ou vassal.

 

Quoique j’aie entrepris, soit du bien, soit du mal

J’ai toujours rencontré de fidèles complices

Et le Ciel et l’Enfer m’ont été si propices

Qu’on ne sait qui des deux m’a nommé cardinal.

 

J’ai fait régner le fils, j’ai fait mourir la mère

Et si j’eusse vécu, j’eusse perdu le frère,

Voulant seul de l’État gouverner le timon1 .

 

Qui m’a voulu choquer a senti ma puissance

Pour dompter l’Espagnol, j’ai ruiné la France

Jugez si j’en étais ou l’ange ou le démon2 .

  • 1Pour de la France seul gouverner le timon. Tous ceux qui m’ont choqué ont senti ma puissance,
  • 2Voir *0056

Numéro
0148


Année
1642


Personnalité
Richelieu, Armand Jean du Plessis de (1555-1642), homme d’État


Nombre de vers
Sonnet

Métrique
Alexandrin

Finalité
Critique


Références

Lyon BM, MS 756, f°129 - Arsenal 3128, f°41r - Nouveau Siècle, t.I, p.23 - Nouvelles de l’autre monde, p.26-27 - Tableau de la vie de Richelieu, p.73 - BHVP, MS 555, f°22v-23r