Imprécations contre le roi
Imprécations contre le roi
Lâche dissipateur des biens de tes sujets,
Toi qui comptes les jours par les maux que tu fais,
Esclave d’un ministre et d’une femme avare,
Louis, apprends le sort que Ie ciel te prépare.
Si tu fus quelque temps l’objet de notre amour,
Tes vices n’étaient pas encor dans tout leur jour.
Tu verras chaque instant ralentir notre zèle,
Et souffler dans nos coeurs une flamme rebelle.
Des guerres sans succès désolant tes États,
Tu fus sans généraux, tu seras sans soldats.
Toi, que l’on appelait l’arbitre de la terre,
Par de honteux traités tu termines la guerre.
Parmi ces histrions qui règnent avec toi,
Qui pourra désormais reconnaître son Roi ?
Tes trésors sont ouverts à leurs folles dépenses,
Ils pillent tes sujets, épuisent tes finances,
Moins pour renouveler tes ennuyeux plaisirs,
Que pour mieux assouvir leurs infâmes désirs.
Ton État aux abois, Louis, est ton ouvrage ;
Mais crains de voir bientôt sur toi fondre l’orage.
Des maux contagieux empoisonnent les airs,
Tes campagnes bientôt deviendront des déserts ;
La désolation règne en toutes les villes.
Tu ne trouveras plus des âmes assez viles
Pour oser célébrer tes prétendus exploits,
Et c’est pour t’abhorrer qu’il reste des Français ;
Aujourd’hui on t’élève en vain une statue,
A ta mort je la vois par le peuple abattue.
Bourrelé de remords tu descends au tombeau.
La superstition, dont le pâle flambeau
Rallume dans ton cœur une peur mal éteinte
Te suit, t’ouvre l’enfer, seul objet de ta crainte.
Tout t’abandonne enfin, flatteurs, maîtresse, enfants :
Un tyran à la mort n’a plus de courtisans1 .
- 1Voir $1062
Arsenal 2964, f° 83