Épitaphe du cardinal de Noailles
Épitaphe du cardinal de Noailles1
Qui fut sage dans sa jeunesse,
Mais vivant trop (ô sort fatal !).
Il survécut à sa sagesse,
Il est donc mort de son vivant,
Noaille, en cessant d’être sage :
Oui, s’il eût vécu moins longtemps,
Il aurait vécu davantage.
Panégyristes languissants,
Qu’on sacrifie à sa mémoire ;
Vous direz donc tout en disant
Qu’il a trop vécu pour sa gloire2 .
- 1Il est mort dans son palais archiépiscopal à Paris, environ les deux heures du matin, mercredi 4 mai 1729, âgé de soixante et dix-sept ans, étant né le 27 mai 1651.
- 2Voir $0667 - “ Ses contradictions éternelles l’avaient rendu si méprisable qu’il ne fut regretté de personne. Il était décrié à un point que l’on n’osa lui faire ni oraison funèbre, ni service public, tel qu’on a coutume d’en faire aux archevêques de Paris, service d’apparat, où, comme à celui des rois, assistent toutes les cours tant supérieures que subalternes. Il est étonnant que même les jansénistes dont il avait été l’idole et pour qui il avait tant fait, ne l’aient point loué après sa mort et que, par un silence aussi injurieux qu’ingrat, ils aient déshonoré sa mémoire, comme s’il n’avait rien eu de recommandable. ” (L’abbé Legendre.)
Raunié, V, 170-171