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Epitaphe

                Épitaphe 

Ci-gît Monsieur l’abbé Nicaise

Qui la plume en main dans sa chaise

Menait lui seul en mouvement

Toscan, Français, Belge, Allemand,

Non par discordes mutelles,

Mais par lettres continuelles,

La plupart d’érudition

A gens de réputation

De tous côtés à son adresse

Avis, journaux venaient sans cesse,

Gazettes, livres  frais éclos,

Soit en paquets, soit en ballots,

Lui, toujours en nouvelles riche

De sa part n’en était pas chiche.

Fallait-il écrire au bureau

Sur un phénomène nouveau ?

Annoncer l’heureuse nouvelle

D’un manuscrit, d’une médaille ?

S’ériger en solliciteur

De louanges pour un auteur ?

D’Arnauld mort avertir la Trappe ?

Féliciter un nouveau Pape ?

L’habile et fidèle écrivain

n’avait pas la crampe à la main.

C’était le facteur du Parnasse.

Or gît-il et cette disgrâce

Fait perdre aux Huets, aux Noris,

Aux Toinards, Cupers et Lebnitz,

A Basnage le journaliste,

A Bayle le vocabulariste,

Aux commentateurs Groevius,

Kuhnius, Perizonius,

Mainte curieuse riposte ;

Mais nul n’y perd tant que la poste1 .

  • 1Voir $8126

Numéro
1406


Année
1711


Personnalité
Nicaise, Claude (1623-1701), dit l’abbé Nicaise, érudit


Nombre de vers
34 vers

Métrique
Octosyllabe

Finalité
Neutre


Références

Maurepas, F.Fr.12627, p.37-38